Les Indiens des frontières coloniales by Luc Capdevila

Les Indiens des frontières coloniales by Luc Capdevila

Auteur:Luc Capdevila [Capdevila, Luc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Indiens d'Amérique, Amérique, colonies, conquête de l'Amérique, expansion coloniale
ISBN: 9782753568099
Éditeur: Presses universitaires de Rennes
Publié: 2020-07-26T03:00:00+00:00


Les octrois de terres, y compris celles étant occupées par les indiens, considérées comme des espaces vides, avaient pour objectif d’intensifier la colonisation. Pour bénéficier de ces octrois, les intéressés devaient s’engager à y résider avec leur famille, ou au moins y envoyer deux domestiques ou ouvriers agricoles de chaque sexe, ainsi qu’édifier des constructions et introduire du bétail ou des semences. Cependant, en 1856 une nouvelle loi interdit d’accorder « des octrois à titre gratuit » sur des terrains occupés par une population suffisante. À moins que la demande n’ait pour objectif la fondation d’une colonie de migrants ou d’une mission religieuse27. Les terres en question seraient dorénavant vendues aux enchères. Quant aux autres terrains à peupler, ils seraient attribués selon les mêmes formes et conditions que celles établies par la loi de 1836. Il en résulta que vers le milieu du siècle, créoles et métis contrôlaient la rive occidentale du Bermejo et s’apprêtaient à s’emparer de la rive orientale.

Ce ne fut qu’en 1859 qu’il devint possible de reconnaître les droits de propriété de la terre des communautés d’indiens du Chaco qui en faisaient la demande, à condition qu’elles se soumettent aux lois et aux autorités de la province, et sous la direction de prêtres missionnaires. L’action missionnaire républicaine dans la région du Chaco de la province de Salta avait commencé en 1856, à partir du Collège franciscain de Tarija, quand le frère José Puigdengolas avait fondé une mission sur la rive occidentale du Bermejo sur le site appelé Esquina Grande (dans l’actuel département Rivadavia). L’année suivante, en aval de la mission d’Esquina Grande, sur la rive occidentale de la rivière, était fondée la colonie San Felipe y Santiago, à l’initiative d’habitants d’Orán qui avaient sollicité un octroi de terres à cette fin. Ils s’engageaient à peupler le site de familles provenant de Caraparí, Caiza et Tarija. Ces terres étant habitées par des indiens, deux missionnaires furent chargés de les évangéliser. Mais l’intention du Préfet aux Missions, Pedro M. Pellichi, était plus large : il s’agissait d’établir une réduction pour ces indiens. Il présenta en 1858 une réclamation devant le Gouverneur de la province afin de faire reconnaître aux « matacos chaguares » un droit de propriété portant sur huit lieues, dans l’objectif de constituer deux missions. Ces terres leur furent attribuées sans remarquer que ces mêmes terrains avaient été attribués aux colons. Ces derniers protestèrent en vain. Ils finirent par s’installer quelques lieues en aval avant de fonder la Colonie Rivadavia28.

Les franciscains demandèrent au gouvernement d’adopter un texte garantissant les droits des indiens sur les terres qu’ils occupaient. Ce qui donna lieu à la Loi additionnelle à celle des terres publiques de 1859 qui établissait dans son article 3 que « dorénavant aucun octroi ne sera accordé sur des terres occupées par des sauvages amis, sans que la municipalité soit dûment informée et entende ceux-ci ou leur représentant29 ». Pellichi présenta ensuite un « Programme pour la civilisation des tribus sauvages des deux rives de la rivière Bermejo », approuvé par un décret-loi en janvier 186030.



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